PAROLES
Les mots, le sens.
CHEZ SON PERE
Il s'agit de parler de violence ordinaire. Invisible. Inaudible. Celle vécue par une petite fille dont les séjours de garde alternée chez son père, la font cauchemarder et rêver
d'un futur plus proche. A minima.
"A toi ma belle, tiens-bon et ne retiens que le meilleur; vivre ça aujourd'hui te servira demain."
Laissez-moi vous conter une histoire…
L’histoire de cette fillette aux parents désunis vivant en alternance chez l’un et puis chez lui.
Cette petite fille est bien trop sage, elle a des cheveux longs en cascade
qui n’ont que faire du coiffage en règle qui f’ront des boucles après l’orage
Elle aime beaucoup les voyages, pis leurs photos en marque-page
qui rendront doux ses jours en berne qui lui sourient quand elle se cache
Elle apprécie que l’on s’enquière de son avis sur le repas, elle
voudrait bien que l’on s’inquiète aussi de son sort, quand c’est papa qui l’a
(chez son père) Son avis, ne compte pas
(chez son père) Elle fait c’qu’il dit, contente ou pas
(chez son père) Elle longe les murs, pas sûre de ses pas
(chez son père) Longues sont les nuits, j’me trompe ou pas ?
Faut pas faire de barouf le matin avant 10h, car ça mettrait madame de mauvaise humeur
Obéir.. est devenue sa gageure, si elle répond elle est punie, qu’importe la teneur !
Dans la piaule, sa geôle, pour éviter les pleurs, elle fait des livres le garant d’un monde de couleurs
L’écriture est comme une soeur, et coagule les torrents qui coulent à l’intérieur
Elle a des cheveux longs en cascade
qui n’ont que faire du coiffage en règle qui f’ront des boucles après l’orage
Elle aime aussi les paysages, pis leurs photos en marque-page
qui rendront doux ses jours en berne qui lui sourient quand elle se cache
Elle pourrait lire des heures entières, et pour caresser les nuages
Elle s’imagine en montgolfière et ainsi s’en sort, quand c’est papa qui l’a
(chez son père) Son avis, ne compte pas
(chez son père) Elle fait c’qu’il dit, contente ou pas
(chez son père) Elle longe les murs, pas sûre de ses pas
(chez son père) Longues sont les nuits, j’me trompe ou pas ?
Faut pas conclure qu’elle serait mieux ailleurs, on dit que l’art prend racine dans la douleur
Ecrire est source de bonheur, suffit de croire en toi-même, et d’écouter ton coeur
Cette petite fille est bien trop sage
AMOUR A MORT
Salomé, 21 ans, Cagnes-sur-Mer, décédée sous les coups de son son gars en 2019.
"Si tu laisses quelqu'un prendre en main ton destin, c'est la fin."
-La bombe humaine, Téléphone, 1979-
Il était doux comme la soie le jour où naquit l'étincelle
(il) t'a enlacé comme t'avais froid en te disant que t'étais belle
Toi tu as vu dans son regard que de son monde tu étais celle
qui f'rait de lui un homme droit et dont il te ferai la reine
Entre vous que des gestes tendres et des caresses qui se succèdent
Ce gars tu l'avais dans la peau à d'venir dingue, 20 ans à peine
Jamais tu n'aurais cru prétendre à tant d'amour, à tant de fièvre
Alors les études à quoi bon t'es d'jà heureuse tellement tu l'aimes…
Le premier bleu deviendra jaune tout comme ton sourire il s'efface
ce n'est qu'un petit hématome de l'amour fou qui laisse des traces
Demain il achètera un baume et puis des fleurs pour la disgrâce
Toi tu conserves la couronne et dans son coeur
la première place
tu sais petite dans les idylles, seuls les baisers viennent en rafale
tu sais petite quoi qu'il te dise c'qu'il fait n'est pas normal
et peu à peu tu abandonnes tes amis dont tu te caches
dans votre nid tu perfectionnes l'art de maquiller ton visage
les contusions les ecchymoses témoins des fréquents face à face
mais chaque jour tu lui pardonnes c'est par amour
si il se fâche
tu sais petite dans les idylles seuls les baisers viennent en rafale
tu sais petite quoi qu'il te dise tu n'es pas la coupable
combien de temps, combien de trempes, comment acceptes-tu cela
il est vaincu par ses démons, cesse de croire qu'il changera
sauve qui peut, sauve ta peau, et du brasier échappe toi
la vie s'ra belle, hors de sa coupe, tu mérites tellement mieux que ça
(Il sera doux comme la soie ce jour où tu t'en iras)
RUMEUR
Bon.. tout le monde connaît ou presque. C'est gluant ce truc-là, poisseux, et ça colle aux basques pire qu'un chewing-gum en plein été.
"A toutes les vipères, dont j'ai sans doute fait partie un jour: je vous aime."
Le bruit court, il s'égare, de couloir, de toute part il s'évade
Et diffuse, le mensonge dont le fruit nourrit ceux qui ont trop d'appétit
Il est lourd, ce bruit là, lesté d'la vindicte des lâches
qui des mots manient mal l'insolence, qui du sens ont l'art de travestir
Il est sourd ce vacarme, à la vérité qui fait tâche,
qui pourrait assombrir la brillance d'un discours englouti par les cupides
Mais au fond on s'en fout, harcelé ou bien cible
il n'y a qu'à soi-même que le mensonge peut nuire
Je sais bien qu'ça rend fou d'entendre certains dire
des rumeurs assassines, trop souvent anonymes
Il est lourd, ce vacarme, engrossé par tous ceux qui ont joui
de livrer des paroles à charge excités par la jalousie
Il est sourd, ce vacarme, au désir de justice qui jaillit,
quand l'offense fait couler trop de bave et qu'enfin apparaît la calomnie
Mais au fond on s'en fout, harcelé ou bien cible
il n'y a qu'à soi-même que le mensonge peut nuire
Je sais bien qu'ça rend fou d'entendre certains dire
des rumeurs assassines, et pourtant anodines
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Alors qu'il courre, et divague le joli petit air de scandale
qu'il abreuve les sots qui ont soif les drogués shootés au Jacques a dit
Arrivera t-il un temps, où les gens seront las,
de jouer les vipères équivoques pour remplir la vacuité sordide
d'une poisseuse existence où l'ennui fait trop de place
aux orateurs verbeux qui crachotent prêts à tout pour gagner en estime
cette estime défaillante, abîmée par le flow des ignares
où s'est donc échappé la jugeotte est-ce facile d'obtenir tant de crédit
Mais au fond on s'en fout des foutaises maléfiques
il n'y a qu'à soi même que le mensonge peut nuire
Si les autres sont fous de ragots pathétiques
qu'ils nagent en eaux troubles ils sont eux-même victimes
"Ouais t’sais pas quoi ?.. ouais j’ai appris un truc de fou, ouais t’sais elle, il paraît qu’elle voit lui, mais pendant qu’elle voit lui, ben en fait ell’s tape l’autre, tu t’rends compte ? ah ouais, t’as su ça comment?
Non c’est machin qui m’l’a dit, il a vu l’truc c’est l’cousin du mec qui a entendu qui a tout vu en fait.. ah ouais ben, faut lui dire alors peut-être ? non mais là c’est du gros gros scoup, tu vois, vas-y dis lui ça va bien foutre la merde.."
Y’a pas de place pour ça, j’veux rien savoir ça ne me regarde pas,
Y’a pas de place pour ça, la cancane, garde ça pour toi
JAMAIS ASSEZ
Ok, on est des vilains humains.
"Hominis omnivorax"
ça nous va pas mal non?
Y'a p't'être malgré tout un truc
pas si crade en nous.
Là sous nos yeux, juste à encourager.
Elle finit pas son parmentier elle n'a plus faim, assez
sa mère profère menaces elle se met à hurler
"tu s'ras privée d'dessert et à ton père je révèlerai
que tu gaspilles du canard, lui qui se tue à bosser"
Elle s'résoud pas à avaler les ultimes bouchées
y'a aucun goût, c'est fade ces plats indus en purée
pendant c'temps-là à la télé, gorgée d'insanités
on sert des pubs et des orang-outangs affamés
privés de leurs forêts surexploitées, brûlées
oui mais c'est loin, tout ça est-ce que c'est bien vrai?
qu'on est des assassins armés de pâte à tartiner
affublés de besoins toujours insatisfaits
en aura-t-on
JAMAIS ASSEZ de notre Terre féconde, aujourd'hui lasse, lasse, lasse
JAMAIS ASSEZ de remplir le panier quand il est perforé
JAMAIS ASSEZ d'encombrer nos maisons, tout en vidant nos crânes, crânes
JAMAIS ASSEZ de fustiger notre Monde, et de juste trouver ça.. normal
On la dit bleue la planète mais elle est verte en vérité
de se faire dépouiller par des lutins, obsédés
par la conquête des terres des animaux des denrées
à merci corvéables si du profit peut se créer
On la dit belle la planète mais pâle est son reflet
à lui spolier sa sève à toujours en abuser
Partout succombent les réserves à nos désirs futiles
les cours d'eau sont à sec et la poussière stérile
On dit le système solaire mais l'atmosphère fébrile
rend le futur bien sombre et le climat part en vrille
Qu'enfin s'éveille la conscience du cataclysme
et souffle la révolte contre les imbéciles
en auront-ils
JAMAIS ASSEZ de notre Terre féconde, aujourd'hui lasse, lasse, lasse
JAMAIS ASSEZ de remplir le panier quand il est perforé
JAMAIS ASSEZ d'encombrer nos maisons, tout en vidant nos crânes, crânes
JAMAIS ASSEZ de fustiger notre Monde, et de juste trouver ça.. normal
On dit que l'homme descend du singe il est bien bas en effet à mesurer sa
grandeur en brandissant des trophées
toujours plus beaux, plus rares et si possible menacés
hominis omnivorax ou l'extinction assurée
on dit qu'la planète est foutue pourtant c'matin au réveil
j'ai observé un piaf se prendre un bain de soleil
il s'posait pas de question sous ses plumes de starlette
dans son envol avec élan il s'est mangé la f'nêtre
En chaque chose y'a une fissure qui laisse entrer la lumière
on n'a plus droit au paradis mais on peut s'éviter l'enfer
suffit de r'garder ce môme lever les mains vers le ciel
et murmurer à l'étourdi comment redéployer ses ailes
VALSE DES OMBRES
Bon ben là c'est perso. Du lourd.
Peur, passé, offense,
les germes de la colère.
Chanson à ma fille orpheline, 2018.